Ecriture d'invention
INTRODUCTION
L’ECRITURE D’INVENTION
L'écriture d'invention " teste l'aptitude du candidat à lire et comprendre un texte, à en saisir les enjeux, à percevoir les caractères singuliers de son écriture. Elle permet [...] de mettre en œuvre d'autres formes d'écriture que celle de la dissertation ou du commentaire. Il doit écrire un texte, en liaison avec celui ou ceux du corpus, et en fonction d'un certain nombre de consignes rendues explicites par le libellé du sujet " (Bulletin Officiel n° 26 du 28 juin 2001).
Elle suppose :
I.LES TYPES DE SUJETS
1. La relation à un objet d’étude
Observons :
Remarque
On peut déterminer le ou les objet(s) d’étude concerné(s) :
Convaincre, persuader, délibérer : b, c, d, e
L’épistolaire : f
2. La relation au corpus
Remarque
L’ensemble des documents ou/et un seul d’entre eux peut fournir de précieuses précisions sur le texte à produire.
Le sujet (a) invite à passer en revue le procédés du portrait employés dans les documents.
Les sujets (b) et (c) réclament une étude de l’argumentation des textes désignés.
Le sujet (d) exige une étude du registre du texte désigné.
3. Lien avec les questions du sujet
Observons les questions et le sujet d’écriture d’invention suivante :
Ecriture d’invention : Vous composerez une fable dont la morale implicite s’opposera à celle du texte C.
Remarque
Les morales des fables du corpus peuvent faire l’objet d’un classement en deux catégories. En fonction de la catégorie à laquelle le texte C appartient, on pourra puiser dans l’autre catégorie des éléments utiles pour le texte à produire.
4. Lien avec les autres sujets d’écriture
Observons :
Commentaire
Faire un commentaire du texte d’Albert Camus (texte A).
Dissertation
En prenant appui sur le corpus proposé, sur les œuvres étudiées au cours de l’année et sur vos lectures personnelles, vous montrerez comment les différents genres peuvent être utilisés pour donner des leçons.
Invention
Imaginez un débat dialogué entre un personnage défendant le propos de Mme du Châtelet : " moins notre bonheur dépend des autres et plus il nous est aisé d’être heureux " et son contradicteur.
Un court paragraphe placé avant le débat permettra au lecteur de connaître les circonstances dans lesquelles les personnages échangent leurs points de vue ainsi que leur condition sociale et leurs relations.
Remarque
La dissertation éclaire le sujet d’invention : le but du corpus est de montrer les ressources de genres différents pour " donner des leçons ". Ce sont les ressources du dialogue philosophique qu’il faudra montrer dans votre travail en vous inspirant sans doute du texte correspondant dans le corpus.
II. Analyse du sujet
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Observons :
Invention
Imaginez un débat dialogué entre un personnage défendant le propos de Mme du Châtelet : " moins notre bonheur dépend des autres et plus il nous est aisé d’être heureux " et son contradicteur.
Un court paragraphe placé avant le débat permettra au lecteur de connaître les circonstances dans lesquelles les personnages échangent leurs points de vue ainsi que leur condition sociale et leurs relations.
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Dialogue délibératif : dialectique ou polémique |
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un personnage défendant le propos de Mme du Châtelet |
Thèse 1 (à reformuler) |
Il faudra déterminer les arguments et les exemples correspondant à chacune de ces thèses |
et son contradicteur |
Thèse 2 (à reformuler) |
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court paragraphe |
Hors dialogue : paragraphe informatif (voir ci-dessous) |
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circonstances |
Où ? Qui ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? |
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leur condition sociale |
A déterminer |
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leurs relations |
A déterminer |
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moins notre bonheur dépend des autres et plus il nous est aisé d’être heureux |
Thèse 1 |
Les questions à se poser
Quel GENRE ? Quelle FORME ?
Un genre est une catégorie littéraire.
On distinguera quatre genres génériques subdivisés en sous-genres
Les genres narratifs |
Discours narratif Histoires fictives ou réelles |
Roman |
Conte |
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Nouvelle … |
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Les genres dramatiques |
Représente l’action Double énonciation |
Tragédie Comédie Drame |
Les genres argumentatifs |
Discours argumentatif |
Pamphlet Essai Dialogue Apologue |
Les genres poétiques |
Usage différent de la langue Versification ou prose |
Epopée Poésie lyrique Poésie romantique… |
On ne peut procéder à un classement par genre vraiment précis qu’en étudiant les registres dominants.
Quel REGISTRE ?
Selon les procédés d’écriture, un texte peut avoir différentes tonalités : les registres. Le registre dépend des émotions suscitées chez le lecteur. Certains registres sont plus particulièrement liés à un genre.
On distinguera donc :
LES REGISTRES LIES AUX PROCEDES D’ECRITURE
PATHETIQUE |
Suscite la compassion : hyperboles, CL des sentiments, exclamations, interrogations… |
LAUDATIF |
Vient de louange, fait l’éloge : termes hyperboliques, vocabulaire appréciatif, images valorisantes… |
SATIRIQUE |
Critique qui tourne en ridicule : termes dépréciatifs, images dévalorisantes… |
POLEMIQUE |
Discrédite un adversaire dans une argumentation : termes dépréciatifs, apostrophe… |
IRONIQUE |
Affirme le contraire de ce qu’il veut dire pour discréditer un point de vue : antiphrases |
LES REGISTRES LIES AUX GENRES LITTERAIRES
EPIQUE |
Lié à la poésie à l’origine ; raconte les hauts faits guerriers d’un héros : hyperboles, superlatifs, figures d’insistance |
TRAGIQUE |
Lié au genre dramatique (la Tragédie), montre l’homme face à une puissance qui le dépasse : vocabulaire de l’émotion, destin, mort… |
COMIQUE |
Lié au genre dramatique (la Comédie), vise à faire rire : jeux de mots, indications gestuelles, caricature… |
LYRIQUE |
Lié au genre poétique, exprime les sentiments, les émotions, les états d’âme : marques de la subjectivité, CL sentiments, musicalité, rythme… |
Quel TYPE ?
1. le discours narratif
Le discours narratif rapporte un ou des événements et les situe dans le temps.
Le discours narratif est marqué par les temps du récit, et notamment le passé simple, mais on peut aussi raconter au présent (de narration) et au passé composé.
La narration est souvent caractérisée par des repères chronologiques: dates et autres indices temporels (alors, ce jour-là, ensuite, plus tard...).
2. Le discours descriptif
Le discours descriptif vise à nommer, caractériser, qualifier un objet quel qu'il soit: être, chose, paysage...
Ce discours est caractérisé par certains temps, comme l'imparfait descriptif dans un récit au passé (mais on peut aussi décrire au présent).
La description fait appel à des champs lexicaux, des adjectifs, des verbes d'état (être, sembler...) qui permettent de caractériser les objets. Elle peut être introduite par des verbes de perception (voir, entendre...) qui témoignent d'une focalisation particulière.
3. Le discours explicatif
Le discours explicatif cherche à analyser et à faire comprendre une idée, un processus (phénomène naturel, expérience scientifique...).
L'énonciateur s'adresse à un destinataire qui ne possède pas toutes les connaissances sur le sujet traité; il est faiblement impliqué, d'où l'absence des indices personnels de l'énonciation.
L'explication comporte souvent :
4. le discours argumentatif
Le discours argumentatif cherche à démontrer, convaincre, persuader ou délibérer, en valorisant une ou plusieurs opinions (ou thèses).
Le discours argumentatif est caractérisé par:
Remarques
Quelle énonciation ?
Tout énoncé est le produit d'une énonciation mettant en œuvre :
Ces éléments définissent la situation d'énonciation.
Certains énoncés contiennent les marques de la situation d'énonciation dans laquelle ils sont produits.
Ces marques de l'énonciation sont :
Quelle FOCALISATION ?
On distingue :
Les événements, les lieux, les personnages sont vus comme "de l'extérieur". L'intériorité est absente. Les faits, les actions, les paroles sont "enregistrés" de façon neutre et objective. Le lecteur ne dispose que de ces éléments extérieurs.
Ex.: "Vers la fin de l'année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très mince apparence se promenait devant la porte d'une maison située rue des Grands-Augustins, à Paris. "
Honoré de Balzac, Le Chef-d'oeuvre inconnu (1845).
La narration ou la description passent par la conscience d'un personnage. Le lecteur partage ses perceptions, ses émotions, ses pensées. Ce point de vue permet de comprendre le personnage "de l'intérieur". Mais c'est une vision limitée: le lecteur ne sait rien de plus que ce que le personnage peut savoir.
Ex. : "Fabrice s'aperçut que de cette grande hauteur, son regard plongeait sur les jardins, et même sur la cour intérieure du château de son père. Il l'avait oublié. L'idée de ce père arrivant aux bornes de la vie changeait tous ses sentiments. "
Stendhal, La Chartreuse de Parme (1839).
Le point de vue n'est pas restreint: il est illimité. Il y a absence de focalisation. Le narrateur sait tout, il voit tout. Il révèle le passé et l'avenir de ses personnages, en dit plus que ce que n'en sait aucun d'entre eux. Le lecteur partage ce savoir. Ce point de vue lui donne l'impression de maîtriser toutes les données du récit.
Ex. : "Louis Lambertflaquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur; mais les dispositions qu'il. manifesta prématurément pour l'étude modifièrent cet arrêt paternel. "
Honoré de Balzac, Louis Lambert (1833).
Quel LIEN AVEC LES OBJETS D’ETUDE ?
Théâtre : texte et représentation
La tirade est une longue réplique dite par un personnage qui n’est pas seul en scène.
Le monologue est une réplique d’un personnage seul en scène (ou qui se croit seul)
L’aparté est une réplique dite par un personnage en présence d’un autre qui ne l’entend pas
La stichomythie est une succession de courtes répliques témoignant d’un échange vif.
L’exposition présente, au début de la pièce, le lieu, l’époque, les personnages, la situation…
Le nœud constitué des principaux événements qui font évoluer l’action.
Le dénouement qui résout la crise à l’origine de l’action.
Convaincre, persuader, délibérer
Convaincre ou persuader ?
Pour convaincre le locuteur organise son argumentation comme une démonstration logique et argumentée, fondée en raison.
Pour persuader, le locuteur appuie son argumentation sur l’émotion afin d’émouvoir, de séduire ou d’effrayer le destinataire.
Délibérer ?
Il s’agit d’une confrontation de deux opinions pour parvenir à un accord ou à un constat de différend. L’opinion n’est arrêtée qu’à la fin de la confrontation.
L’essai
Il présente une pensée personnelle, propose un éclairage original sur un sujet, des pistes de réflexion…
Il laisse paraître les marques d’un jugement personnel (1ère personne, évaluatifs, modalisateurs….)
Le dialogue
Depuis les dialogues philosophiques de l’Antiquité, le dialogue est la forme privilégiée de la délibération car il permet l’affrontement des idées. Son issue est marquée par une opinion synthétique qui résulte de la confrontation.
Dans les échanges, on remarque tantôt l’assentiment (accord avec ce qui a été dit), tantôt la contradiction (désaccord) et tantôt la concession (reconnaissance partielle de ce qui a été dit).
Dans l’échange, les interlocuteurs s’interpellent par l’apostrophe (nomme celui à qui on s’adresse pour forcer son attention ou le faire réagir), l’exclamation (expression d’une émotion) ou la question oratoire (fausse question qui induit la réponse).
L’apologue
Récit imaginaire, court et plaisant, qui vise à démontrer une vérité morale. (à la fois narratif et argumentatif, donc)
Diversité formelle : parabole, conte philosophique, fable, utopie…
Le biographique
Le récit peut être
Le narrateur et l’auteur se confondent dans l’écriture biographique. Le " il " est utilisé.
Le narrateur, l’auteur et le personnage principal de confondent dans l’écriture autobiographique. Le " je " est employé. On distinguera néanmoins le " je " personnage du " je " autobiographe.
Le temps du récit se distingue du temps de l’écriture. Cet écart doit toujours faire l’objet d’une analyse. Il permet l’alternance du récit et du discours.
On distinguera l’autobiographie de l’autobiographie romancée et de l’autobiographie imaginaire.
Les mémoires proposent la chronique d’une époque tout en inscrivant dans le déroulement du récit son propre destin.
Le journal intime est constitué de notes prises au jour le jour. Spontanéité (feinte ou réelle) prennent le pas sur la réflexion approfondie.
Bilan :
La biographie |
L’autobiographie |
Les mémoires |
Le journal intime |
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Récit |
Le biographe raconte la vie d’une personne réelle qui s’inscrit dans un contexte socio-historique d’une part et privé d’autre part |
L’autobiographe raconte rétrospectivement les événements de sa vie qui l’ont fait ce qu’il est au moment de l’écriture |
Le mémorialiste est témoin ou acteur de l’Histoire. Il raconte sa vie en relation avec les événements historiques en précisant le rôle qu’il y joua. |
Le diariste raconte jour après jour sa vie en faisant part de ses sentiments et de ses réflexions en relation aux événements personnels ou historiques auxquels il est confronté. |
Enonciation |
3° personne focalisation zéro |
1° personne Auteur=narrateur=personnage principal Attention à la distance " je " narrant et " je " narré |
1° personne Auteur=narrateur=personnage principal ou secondaire dans les événements historiques. |
1° personne Auteur=narrateur=personnage principal en train de vivre son histoire. |
Exemple |
Balzac, le roman de sa vie de Stephan Zweig |
Les Confessions de Rousseau |
Mémoires de guerre du Général de Gaulle |
Le Journal d’Anne Frank |
III. METHODE PRATIQUE
Le tableau d’analyse
Genre / Forme /Type |
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Outils |
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Situation énonciation |
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Registre |
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Temps et lieux |
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Procédés particuliers |
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Structure particulière |
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Autres consignes |
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Ce tableau reprend dans la colonne de gauche tous les résultats des analyses précédentes. La colonne de droite fait apparaître les outils à mobiliser en fonction de chaque rubrique renseignée dans la première colonne.
Le plan détaillé
L’écriture d’invention n’est pas un bavardage au fil de la plume sans contraintes.
Il faut absolument établir un plan détaillé de votre travail.
La structure doit être visible (paragraphes, alinéas).
Les étapes doivent être marquées (connecteurs logiques).
Les éléments d’authentification pour certaines formes (ex.:la lettre, apostrophe, signature, post scriptum...)
La rédaction
Suit le plan détaillé.
Respecte les consignes.
Soigne l’expression.
La longueur de cette rédaction étant généralement plus courte qu’un commentaire ou une dissertation, on pourra faire une première tentative au brouillon afin d’éviter les fautes.
Il faut penser aux attentes du correcteur qui évalue, certes, votre imagination, vos idées mais aussi (peut-être surtout) votre capacité à rédiger sous contraintes littéraires (genre, forme, registre... etc.)